Mercredi, 8h45. Il faut parfois faire quelques sacrifices sur l'autel du sommeil pour être un festivalier accompli. Voire faire la queue à neuf heures moins le quart pour récupérer les billets de la journée: bien que nous ayons théoriquement un accès illimité à toutes les séances, il nous faut néanmoins récupérer les contremarques d'entrée jour après jour. Parfois, certaines séances sont plus prisées que d'autres, et le manque de places se fait sentir. Mmm, il y a eu une grosse publicité autour de Metropolis, et il n'y a que deux représentations. Se pourrait-il qu'il y ait du monde?

Bip & Bap (TV3)

Très funky, très seventies, le générique d'aujourd'hui fait place au porte à porte dans l'espace! On passe rapidement aux choses sérieuses avec The Adventures of Bip & Bap, l'un des rares métrages japonais de cette année. L'histoire est hyper classique, on peut y voir un hommage ou plus carrément un plagiat de la série animée de Sherlock Holmes. Le vilain charismatique et faussement génial flanqué de deux abrutis plus bêtes que méchants, le détective futé et l'assistant toujours partant; c'est dans la technique qu'il y a du neuf, car les personnages sont des éléments découpés et scannés intégrés à une réalisation 3D. Intéressant, mais pas inoubliable.

Cosmos 2002 Timoon and the Narwhal

Timoon and the Narwhal est le conte animé du jour, qui met en images une légende esquimau où un garçon aveugle suit sa tante dans une tempête de neige. Cette aventure périlleuse pourrait bien porter ses fruits, et, avec l'arrivée du printemps, changer la vie du petit Timoon. La technique de la peinture sur verre est toujours aussi belle, bien que l'animation soit un peu saccadée, et l'on se laisse emporter par l'histoire.

Faut-il présenter Jimmy Neutron, gamin surdoué aux inventions surprenantes? Aujourd'hui, Jimmy se dispute avec une fille de sa classe qui prétend que son chien est plus fort que le sien. Oui mais, celui de Jimmy sait imiter Dark Vador, et pas le tien, na!

Angelina BallerinaAngelina Ballerina est destinée aux toutes petites filles et bien que le scénario soit bien ficelé et la technique sans faille, ça n'est pas très intéressant. Pour les enfants plus âgés, Zoé Kézako propose une réflexion sur l'amitié. Après tout, nul n'est parfait et si certains défauts exaspèrent parfois, il faut savoir faire abstraction pour toutes les qualités qui les surclassent.

Le dernier programme arrive déjà, mais il dure 50 minutes et se nomme Les fils du Père Noël (je crois qu'il y a une tradition au festival qui fait que chaque année, en juin, on passe un conte de Noël). Les trois fils du père Noël, donc, doivent faire leurs preuves si ils veulent un jour remplacer leur père. Ils débarquent à Santa Monica, où l'on découvre un fils Noël fanatique des statistiques, un autre fêtard invétéré et le dernier inventeur raté. La relève n'est pas encore assurée, mais ils ont une journée entière pour découvrir l'esprit de Noël... De facture classique, ce moyen métrage ne remportera pas mon suffrage.

1300CC (CM3)

De retour au théâtre pour une séance endiablée d'applaudissements et de cris du coeur. En plus, nous avons la chance de voter pour le prix du public. J'espère donc que cette sélection sera à la hauteur!

1300CCLes courts métrages font toujours un peu peur. Les artistes peuvent s'en donner à coeur joie, laissant parfois le public pantois et occasionnellement énervé. Ou endormi, c'est selon. Quoiqu'il en soit, 1300cc est plutôt à ranger dans la catégorie humour noir. Jugez plutôt: un motard malcomode sorti de prison récupère la sac à main d'une vieille dame anglaise qui se trouve être sa voisine. Il trouve dans ce fratras de drôles de pilules. Ni une, ni deux, notre barbu arrose le tout d'un peu de whisky et part dans un délire cauchemardesque de mémés flingueuses et de mobylettes à réaction. Tex Avery aurait apprécié.

Plain Pleasures ou l'histoire d'une femme et de son voisin, tous deux célibataires endurcis et réservés qui se découvrent. Mais toute aventure n'a pas forcément de happy ending et celle-là se termine en queue de poisson car nos deux protagonistes ne veulent pas se mouiller et s'enfoncent dans la convention... Surprise, l'auteur britannique (au féminin, s'il vous plait) fait une courte apparition sur scène sous nos applaudissements.

El desafio a la muerte Looking for Horses

El desafio a la muerte, le défi de la mort, est un guide de survie à l'attention des accros du mixer intégral. Mieux vaut tout de même être un fakir expérimenté pour avoir une chance de rester vivant après un passage à la moulinette. Inattendu et drôle! Très différent de Looking for Horses, à l'atmosphère étouffante. Jugez plutôt: une famille part en vacances sur une péninsule dépeuplée et marécageuse. Les parents se disputent, ils vont bientôt se séparer et se désintéressent complètement du sort de leurs deux filles. Celles-ci tentent d'échapper à ce conflit larvé en s'adonnant aux seules activités possibles dans ce coin d'enfer: embêter l'acariâtre épicière et se baigner dans la boue. La réalisation en marionnettes ajoute encore au sentiment de malaise qui émane de l'oeuvre. Cette sensation est bientôt balayée par Peata Ratsanik, western sauce absurde où un cowboy a rendez-vous avec la Lune.

BarcodeCa faisait longtemps qu'on avait pas eu de paroles sans histoire. Nordost est un grand retour aux sources. Destiné avant tout aux bornes kilométriques, les humains normaux comme nous n'y trouvont pas notre compte. Tant qu'à faire, Barcode fait dans la surenchère en faisant jouer la lumière sur des tiges en métal pendant huit longues minutes. Pour les connaisseurs, ça ressemble un peu à un plugin winamp ultra-classe. Pure technique, pas d'émotion. Passons notre chemin.

Le non sens de la mort, c'est ce qui pourrait résumer l'histoire de ce soldat qui se retrouve dans un paradis nihiliste et occupé uniquement par une... télévision. Est-ce que ça pourrait être pire? Oh que oui! Imaginez dans ces conditions l'enfer et le purgatoire: 50% gray!

Ada aurait pu être une jolie histoire (c'est en tout cas ce à quoi je m'attendais en lisant le résumé) mais le rythme très, trop lent m'a presque endormi. Flux, métrage canadien au graphisme et à l'animation épouvantables, a l'ambition de montrer le cycle de la vie dans un prisme déformé et simplifié. C'est raté. Velky kychac, enfin, décrit la folle épopée de deux gangsters qui tombent sur une momie éternueuse. Ce film à l'humour décalé aurait dû me plaire mais la séance a été longue et éprouvante. J'ai tout de même la présence d'esprit de voter pour l'humour caustique de 1300cc.

Metropolis

MetropolisOn l'aura attendu celui-là! Nous ne sommes d'ailleurs pas les seuls: si nous sommes rentrés sans encombres, c'est la cohue dehors. Avec une salle de 300 places, il ne faut pas s'attendre à ce que tout le monde entre! Après quelques réorganisations de la salle afin d'optimiser le nombre de places, le rideau s'ouvre et le silence s'installe enfin.

Nous survolons une cité imposante, technologique et mégalithique alors que retentissent les premiers cuivres d'un jazz tonitruant façon années 30. Le ton est donné: Metropolis se veut rétro-futuriste. Nous faisons rapidement la connaissance de Kenichi, héros de l'histoire qui accompagne son oncle détective. Le policier enquête sur un docteur en cybernétique déchu qui aurait trouvé refuge dans la ville. Une piste le conduit bientôt à une usine désaffectée en feu. Là, Kenichi sauve Tima des flammes. Mais qui est Tima? qu'est-elle? Un robot à l'apparence humaine. Une humaine synthétique aux émotions véritables. Et sans doute bien plus... A tel point que tous la recherchent. Le Duc Rouge, dirigeant autoproclamé de la cité, qui voit en elle une arme absolue. Le fils adoptif du duc, Rock, membre éminent d'un parti fasciste anti--robotique qui tente à tout prix de l'éliminer. Les destinées s'enchevêtrent et se déchirent avec une seule issue possible: la révolution.

MetropolisVictime à mon sens de l'effet d'annonce, Metropolis est un grand dessin animé mais certainement pas le chef d'oeuvre annoncé. Les personnages manquent de charisme et d'humanité à l'exception de Metropolis elle-même, dont l'imposante présence écrase les destins individuels. L'intrigue voulue peu originale parce que prétexte à la critique d'une société déshumanisée passe au second plan. Le message est donc bien là, sous-jacent, mais pas assez présent.

MetropolisIl reste un spectacle absolument grandiose et une oeuvre maîtrisée dans ses moindre détails.Chaque scène fourmille d'animations secondaires pour accentuer le caractère vivant de la cité. La musique est en parfaite harmonie avec le film. Enfin, pour les afficionados de l'animation japonaise, c'est l'occasion inoubliable de découvrir ce que Tezuka, Rintaro et Otomo ont en commun.