Lundi 2 juin, 10h30. J'accomplis le rite initiatique du festivalier abonné et je récupère ainsi tout mon équipement. Une check-list rapide s'impose: le badge est bien là, le catalogue officiel et le guide de l'essentiel également. Le tout rangé dans une magnifique sacoche noire, plutôt classe, enfin, si l'on arrive à faire abstraction du diable rouge qui montre ses fesses bien dodues. Je cherche encore un moyen de m'en débarrasser, mais il est tenace, le bougre!

Le Goûter (Générique d'Ouverture)

13h45. Tour de chauffe. L'ambiance monte graduellement tandis qu'une musique de film, que je n'arrive pas à reconnaître, est diffusée dans la salle. Les avions ne sont pas encore très sûrs d'eux mais déjà certains atterrissent de justesse sur la scène du théâtre... Puis la pénombre s'installe, et le rideau s'ouvre.

Le Lapin ! Le lapin en prend encore une fois pour son grade et dévale les pistes de Haute-Savoie à toute vitesse. Divine apparition... Quelques secondes de répit tandis qu'une superbe femme observe notre infortuné rongeur. Tout désorienté, celui-ci traverse une première pancarte d'un partenaire du festival, puis une autre, et ainsi de suite jusqu'à traverser notre belle ville pour finalement transpercer un mur... Et se retrouver sur la scène! Les spectateurs du film sont médusés... Mais nous, nous applaudissons à tout rompre! Il se pourrait pourtant bien que le lapin ne soit pas celui qu'on croit...

Le GoûterLe générique d'ouverture s'appelle Le Goûter. Toujours réalisé par l'école des Gobelins, le petit bijou d'aujourd'hui nous montre deux infortunées fillettes aux prises avec une créature diabolique dans un manoir vraiment très, très hanté. Ambiance garantie!

Ratz (TV1)

On commence avec Verte, l'histoire d'une petite sorcière qui refuse son héritage et préfèrerait être une écolière comme les autres. Mais quand on a des pouvoirs magiques, ce n'est pas très facile, et quand on a une grand-mère qui essaie de faire de son mieux, ça n'arrange rien. La situation s'embrouille assez vite mais une jolie conclusion nous attend néanmoins. La narration et la mise en scène sont classiques, mais l'histoire est attachante et certaines idées assez bien trouvées. La sorcellerie moderne passe par internet!

AlbieAlbie 'Quick on the Draw' (photo ci-contre) a pour lui une histoire plus complète, mais ça ne va pas chercher bien loin non plus. Non, il faut regarder du côté de l'Iran pour voir du neuf. Atash Neshan est une série de court-métrages mettant en scène un pompier qui explique les accidents domestiques. Là où ça devient drôle, c'est que les scènes un peu sensibles, qui seraient sans doute censurées dans nos pays, sont horriblement mal réalisées, et on ne peut pas s'empêcher de rire quand le gamin finit tout plat dans l'ascenseur. Ma mère, quel malheur!

Plus sérieux, Penguins Behind Bars raconte l'histoire d'une pingouine incarcérée. Ça ne s'invente pas. L'histoire se déroule dans l'Amérique des années trente, c'est très noir et un peu amoral aussi. Pour une fois! Ça ne fait pas de mal...

RatzEnfin, le programme le plus intéressant est sans doute Ratz, bien que ça se dispute parce qu'aucun dessin animé ne sort vraiment du lot. Ratz, c'est l'histoire de deux rats qui montent des sortes de tapettes volantes à réaction et qui sont un peu rabougris du ciboulot. L'épisode d'aujourd'hui raconte comment Razmo tente de sauver par tous les moyens une poule... qui ne sait pas voler. Complètement délirant! On peut tout de même s'interroger sur les vertus éducatives du programme...

A peine un quart d'heure pour souffler, et c'est reparti! Nous visionnons les films de commande, qui regroupent publicités, vidéoclips et autres films éducatifs. Il y en aura pour tous les goûts...

Shoot the Dog!

18h30. Beaucoup de films de commande cette année. Plus de soixante! Et aucun ne se démarque vraiment, si bien que l'on s'ennuie ferme. Fatigue, ou programme mal ficelé? Difficile à dire.

CartoonNSPCC "Cartoon" est sans doute le plus marquant. Mélangeant prises de vues réelles et toons façon Roger Rabbit, cette publicité entend dénoncer les mauvais traitements dont les enfants sont victimes. Un personnage de dessin animé subit les brimades et les coups d'un personnage réel. Sauf au dernier plan, ou un petit garçon le remplace. L'ambiance se refroidit, tout à coup... It's not the End of the World n'est guère plus réjouissant puisqu'il s'agit d'un vidéoclip narrant le début d'une guerre. L'esthétique très particulière et les changements de plan façon poupées russes renforcent le côté pop 'triste' britannique.

Shoot the DogEnfin, en tout dernier, le très controversé et politique Shoot the Dog de George Michael détonne. Réalisé par 2DTV (équipe déjà remarquée l'an dernier), le clip est caricatural à l'extrême, si bien que même les Simpsons n'y survivent pas.

Tribute to Mae West (CM1)

Pas de photo pour Busby Berkeley's Tribute to Mae West dans l'officiel du festival. Étrange... A moins que... le moins que l'on puisse dire, en le voyant, c'est que ça surprend. Une animation de pénis photographié image par image. De la pixillation anatomique!

Dans About My Brother, un homme rencontre une vieille fille connue par le biais d'une petite annonce. Il lui présente son frère, un homme sans tête! Quelques explications plus tard, les voilà partis à discuter par signes (par la force des choses). D'abord déconcertant, réalisé de manière totalement étrange (en images de synthèse, sauf pour les visages en papier découpé), cette histoire dérange. Ce qui est sans doute le but!

The ErlkingThe Erlking, sur une musique de Schubert, est l'interprétation en sable animé d'un poème de Goethe. Joliment réalisé. Par ailleurs, le roi des Aulnes est terrifiant à souhait. Puis, un vieillard rescapé des camps de la mort relate son emprisonnement et ses rencontres singulières dans Lignes de Vie. Appel à la mémoire, la noirceur du propos est renforcée par une réalisation en peinture noire et blanche.

Les Enfants de la Pluie (Cérémonie d'Ouverture)

Les Enfants de la PluieNous avons réussi à nous inviter à la cérémonie d'ouverture. C'est fête! Cela n'était pas arrivé depuis 1999, pour Princesse Mononoké. Le film de ce soir sera-t-il à la hauteur de son illustre prédécesseur? C'est placer la barre très haut! Après une courte intervention du maire de la ville, Serge Bromberg nous présente les jurys de cette année ainsi que les auteurs des Enfants de la Pluie, invités pour la peine. Et en conclusion, nous fait languir pour une surprise après le film.

L'on nous relate les aventures de Skan, jeune homme de la tribu des Pyross, adorateurs du soleil et ne supportant pas la moindre goutte de pluie.  Ce peuple fier est sous l'égide d'un tyran désespérément antipathique dont l'occupation principale consiste à lancer des raids contre les Hydross, peuple mal connu mais honni à cause de son attirance pour l'eau. Bientôt, Skan se révolte contre ses pairs et fait une grande découverte...

Les Enfants de la PluieLes Enfants de la Pluie est indéniablement un beau film. L'histoire est attachante, la patte de Caza omniprésente et la musique n'est pas en reste. Le graphisme de Philippe Caza donne un cachet tout particulier à l'œuvre. Esthétiquement, c'est superbe! Mais, quel dommage, il y a eu des coupes au montage! Cela ne nuit pas à l'histoire mais laisse la désagréable impression de ne pas être complet... Au final, un très bon film, mais pas le chef d'œuvre attendu: je vous invite tout de même à aller le voir, dès le 25 juin dans nos salles obscures!

Destino

DestinoRoulements de tambours... Et voilà que Roy Disney arrive sur scène et nous explique que le court métrage que nous allons voir n'est autre que le fruit de la collaboration improbable entre son oncle Walt et Salvadore Dali! Le dessin animé, ébauché après guerre, n'a finalement été réalisé qu'il y a quelques mois. Seuls quelques fragments d'images ainsi que la bande sonore ont traversé le temps, donnant lieu à un véritable travail d'orfèvre.

C'est donc avec les moyens actuels et à grand renforts d'images de synthèse que la vision de Dali prend vie sous nos yeux. Et quelle vision! Animaux titanesques, balles de baseball et ballerines s'entrecroisent pour livrer l'illusion de la vie, le tout sur un fond de chanson d'amour mexicaine. Fluide, beau, et surréaliste! Une préquelle à Fantasia 2003?