Courts Métrages n°1

Les premiers avions en papier atterrissent sur la scène alors que Serge se fend d'un petit discours de bienvenue, vite éclipsé par l'ouverture du rideau et la séquence d'ouverture. Celle-ci, confiée cette année à l'équipe responsable du lapin skieur il y a deux ans possède beaucoup de points communs avec ce dernier. Cette fois-ci, notre lapin national nargue le spectateur sur un grand huit façon Space Moutain. Le générique a été construit dans le but de faire participer l'assistance, et nul doute que ça marchera à 100% d'ici une ou deux séances au théâtre !

Passons au premier court-métrage : Un jour ordinaire pas comme les autres, film canadien narrant l'aventure quotidienne d'un couple affalé devant la télévision. Jusqu'au jour où celle-ci tombe en panne et qu'un vent de liberté s'insinue dans l'appartement. Malheureusement, l'ennui revient à la charge et l'achat d'une nouvelle télévision s'avère indispensable à la survie de nos deux héros téléphages. Le graphisme très 'art de la maternelle' est raffraichissant et donne au récit la touche d'originalité qui lui manquerait sinon. Dans la même veine, une autre chronique de la vie quotidienne avec Abraço do vento (Le baiser du vent) traité dans un ton tout à fait différent et dans une échelle macroscopique: une histoire d'amour et de séparation en deux minutes trente, il fallait le faire, et les images se bousculent un peu. Pour continuer sur cet élan, Der Park, ou la solitude d'un arbre condamé à vivre seul la majeure partie de sa très longue existence: vaut-il mieux avoir une vie courte et intense ou une vie longue et vide ?

Piñata et Mielott sont des parenthèses bienvenues pour reposer nos cerveaux à défaut de nos yeux. Le premier est une performance 3D avec une histoire très cartoonesque tandis que le second est vaguement compréhensible (enfin, surtout le dernier plan post-générique sur la balançoire: inoubliable). Revenons à un registre beaucoup plus sérieux avec En Nattsaya (Un conte de nuit): "il était une fois une maman qui n'allait plus exister". Traité de manière très sobre et sans condescendance ni apitoiement, le récit est magnifiquement illustré par une photographie toute en ombres et lumières. Le graphisme est réaliste au point que l'on puisse deviner l'usage de la rotoscopie (technique consistant à 'décalquer' une séquence animée d'après une série d'images bien réelles), mais l'Officiel n'en fait pas mention. Dans tous les cas, nous avons là un prix en puissance !

Place au divertissement avec Une histoire vertébrale avec comme personnage principal un homme atteint d'une difformité: celle d'avoir en permanence la tête basculée en avant, le regard vers le sol. Une vie bien triste et solitaire, jusqu'à la rencontre avec l'âme soeur, en l'occurrence une jeune femme atteinte de la particularité inverse. Pourtant, ils ne sont pas au bout de leurs soucis... Réalisation sans fioriture, un humour un peu grinçant mais bien présent, et un auteur français. Que demander de plus ? Toujours français et issu du studio Folimage, le déroutant Sucré se déguste: tout en teintes chaudes et graphismes arrondis, il fait penser à l'illustration d'un conte africain. Mais là encore, il ne s'agit que de mon interprétation personnelle (oui, enfin si vous lisez ce compte-rendu, vous devez vous en douter !). Nous terminons la séance avec Jona/Tomberry, sorte de melting pot métaphysique entre Matrix, Moby Dick et Tim Burton. Discordant et cauchemardesque, le métrage est basé sur une nouvelle graphique (parce que le terme bande dessinée, c'est un peu has-been de nos jours) nommée Mind My Gap. Nul doute que sa lecture nous éclairerait sur les intentions de l'auteur. Parce que, pour moi, il s'agit d'une propagande contre la consommation de thon, mais je dois me tromper.

TV n°1

La sélection numéro 1 semble confirmer une tendance déjà présente l'an dernier: l'intérêt des métrages pour la télévision pour un public mature (enfin, presque) est assez minime. König Midas est parfaitement inintéressant. Sponge Bob, c'est débile. Je n'ai définitivement aucune affinité avec ce type de dessin animé basé sur des scénari d'une absurdité confondante. Bon, je suis bien certain que des armées de psychiatres valident ces histoires destinées aux plus jeunes, mais je m'interroge encore sur les vertus pédagogiques d'un tel programme. Comment ça, j'y comprends plus rien ? Heureusement, un court d'une vacuité équivalente me réconcilie avec le genre: il s'agit de Tripotin, version trashy d'un programme pour 3-6 ans. "Elle est pourrite ta banane !"

Je passe rapidement sur The Secret Show, dont l'auteur avait pourtant commis le sympathique Yoko! Jakamoko! Toto! pour écrire quelques mots au sujet de Le Chat Bayoun, sympathique court basé sur le folklore russe et réalisé en éléments découpés montés en animation 2D. Ca ne casse pas des briques mais l'histoire est solide. A l'inverse des premiers, L'Oiseau Do fait la part belle au respect d'autrui et aux valeurs traditionnelles. Presque trop. Malgré tout, j'ai suivi avec beaucoup de plaisir les péripéties de Fred, petit garçon parisien d'origine africaine. Lorsque son grand-père arrive d'Afrique avec un cadeau de son village, il est déçu. Sa première réaction est un rejet des croyances de son grand-père et de l'héritage africain de sa famille. Heureusement, tout se termine pour le mieux ! Le cachet de la Fabrique est visible dans ce dessin animé à la réalisation et au scénario solides !

Je n'ai pas vu Minuscule, car un problème technique a retardé sa projection... et nous devions nous rendre au Décavision pour la séance suivante. Je m'aperçois que j'ai oublié de vous parler du générique Gobelins du jour. Le manque de rodage, sans doute... Un américain moyen goûte un piment local indien. Mauvaise idée: son palais habitué au fromage sans goût de Mc Do ne supporte pas la confrontation et l'on retrouve notre touriste à délirer fortement jusqu'à ce qu'il recouvre ses esprits... dans un abreuvoir à vaches (sacrées). Autour de lui, c'est un chaos indescriptible... Un bon générique, mais nul doute que ceux à venir seront encore meilleurs au vu de l'exposition temporaire de Bonlieu.

Back To Gaya

Gaya est un monde onirique et chaleureux protégé par une pierre magique : la Dalamite. Insouciants, les habitants de ce monde vivent une existence tranquille… Enfin, presque tous ! Zino, héros de son état et un tout petit peu limité intellectuellement est désigné pour sauvegarder la paix de Gaya. Il est aidé par son ami Boo le savant, la tête pensante du duo.

Mais un jour, la Dalamite est dérobée ! Zino et Boo se lancent à sa recherche de la fabuleuse pierre, et se trouvent entraînés à sa suite dans un nouveau monde ! Rapidement rejoints par Alanta, la fille du maire, et les Snurks, une bande de vauriens plus bêtes que méchants. Ils devront mettre leurs différences de côté pour progresser dans un univers hostile et gigantesque et faire face à la réalité : Gaya est en fait une série animée diffusée sur tous les petits écrans de notre bonne vieille Terre ! Arriveront-ils à récupérer la pierre ? Que se passera-t-il lorsqu’ils rencontreront leur créateur ? Autant de mystères qui devront être résolus…

Back to Gaya est un film résolument Européen puisque réalisé en Allemagne avec la collaboration de l’Espagne et de la Grande-Bretagne. Il prouve que l’animation européenne a sa place et n’est pas obligée de singer les dessins animés américains. Malgré tout, comme souvent le ton oscille entre parodie légère et histoire plus sérieuse sans vraiment jamais choisir. Ainsi, les ressorts scénaristiques ne surprendront personne, pas même les plus petits et l’idée même de la confrontation entre un monde imaginaire et notre monde réel est un concept archi vu et revu.

Pour autant, Back to Gaya est un très bon divertissement soutenu par une animation sans faille et des graphismes en images de synthèse de toute beauté. Par ailleurs, la musique a été écrite par le regretté compositeur Michael Kamen et celle-ci s’intègre parfaitement à l’univers chatoyant (et volontairement un peu tape à l’½il) de Gaya. Souhaitons la meilleure carrière à ce film 100% européen !

Cérémonie d’ouverture / Madagascar

S’il y a bien une séance à faire au moins une année au festival, c’est la cérémonie d’ouverture. On ne peut trouver nulle part ailleurs une ambiance aussi forte en présence du gratin d’officiels annéciens et autres costards cravate. Serge Bromberg ouvre donc le bal et invite Mireille Soria (productrice) et Eric Darnell (co-réalisateur) à monter sur scène pour parler de Madagascar en avant-première. On apprend finalement peu de choses mais l’audience est conquise et ravie !

Avant de se lancer dans le vif du sujet, nous avons droit à un petit court-métrage en introduction, hommage au cinéma abstrait. Qui dit cinéma abstrait dit formes géométriques déchaînées sur fond de musique minimaliste, pas vraiment de quoi plaire au public. Je commence à prendre peur. Et puis… et puis le disque qui se baladait depuis tout à l’heure sur un quadrillage se prend une balle dans le centre ! Le film s’appelle Spiral, est produit par Plymptoons grâce à notre cher ami Bill, et il est assez jouissif !

Alex, lion de son état, est le roi de la jungle… urbaine, la principale attraction du zoo de Central Park à New York. Parfaitement satisfait de son sort, il ne comprend pas que son ami Marty le zèbre veuille découvrir la vie sauvage… Et c’est ainsi que Marty s’évade un soir avec l’aide d’une bande de pingouins. Alex part à sa recherche, accompagné par Melman la girafe dépressive et Gloria l’hippopotame. (Je ne sais pas pourquoi, ça me rappelle une chanson très célèbre : «la ferme »). C’est le point de départ d’une aventure qui emmènera nos quatre amis jusqu’à... Madagascar !

Madagascar est le dernier film des studios Dreamworks. Succéder à Shrek n’était pas chose aisée et les réalisateurs ont bien tiré leur épingle du jeu. Au final, un film drôle, très visuel, toujours à 100 à l’heure, bref un pur divertissement américain (au bon sens du terme). Il ne faut pas chercher trop loin : le film n’a d’autre but que de nous faire rire pendant quatre-vingt minutes, et c’est ma foi plutôt réussi !