Mille ans ont passé depuis l'effondrement de la grande civilisation industrielle. A la suite d'une guerre appelée "Les sept jours de feu", les mégapoles polluées furent anéanties et la surface de la Terre devint un gigantesque désert. En ce monde désolé se répandit une forêt toxique nommée Fukaï, la mer de la décomposition. Composé de champignons géants exhalant des vapeurs empoisonnées et d'insectes géants, cet écosystème menace l'existence de la race humaine.

Une silhouette ailée traverse les nuages et joue avec le vent. Le planeur atterrit bientôt en bordure de désert, à l'orée de la forêt. La jeune femme porte un masque respiratoire cachant son visage. Elle récupère une arme, et s'avance dans cette végétation étrange, majestueuse et dense. Difficile de croire que ce havre de paix puisse provoquer l'extinction de l'humanité... Notre héroïne découvre une carapace gigantesque, résultante de la mue d'un Ohmu. C'est une aubaine car cette matière est plus solide que n'importe quel alliage, et plus légère que le verre. Soudain, la quiétude fait place au tumulte d'une arme de détresse. Nausicaä s'arrache à sa contemplation et part à la rencontre de l'inconscient qui a provoqué les insectes rois...

Fresque écologique au discours mature, le film lance également un message pacifiste sans jamais se leurrer sur la violence latente de l'humanité. Si Nausicaä est une héroïne extrêmement positive et sincère, elle cache également un côté sombre, torturé. Côté qui se retrouve exposé en pleine lumière par Kushana, miroir vivant de Nausicaä pour qui elle a cependant le plus grand respect.

Il est difficile de parler de ce film sans répéter ce qui a déjà été dit : un excellent dossier est d'ailleurs disponible chez Buta Connection. Notre orateur, spécialiste des oeuvres de Miyazaki ajoute pourtant quelques éléments et hypothèses fort intéressants. Par exemple, une forêt minérale et non cultivable existerait quelque part en Russie, et celle du film en serait inspirée en ajoutant une végétation primaire issue de l'île de Miyajima. D'autres pistes sont explorées, comme par exemple l'explication de la fin heureuse en cela bien différente de celle de la bande dessinée.

La discussion tourne court lorsque un employé du cinéma (Décavision) nous jette littéralement dehors : quelle diplomatie ! Reste que je retournerai évidemment voir le film lors de sa sortie en salle, et je vous recommande chaudement de faire de même. Par ailleurs, la bande dessinée est parue en français et c'est là encore une merveille à ne pas manquer !