Après Princes et Princesses et le désormais mondialement célèbre Kirikou, Michel Ocelot nous enchante à nouveau avec un conte de fées prônant le respect d'autrui et la tolérance. Si l'histoire peut sembler un brin naïve, n'oublions pas qu'il s'agit en priorité d'un récit à destination des plus petits !

Azur a des cheveux blonds comme les blés et des yeux d'un bleu presque transparent. Son frère de lait Asmar a le teint foncé et les yeux noirs de sa mère. Employée comme nourrice par un seigneur arrogant, elle vient de l'autre côté de la mer. Les enfants grandissent et se retrouvent séparés : l'un part en ville suivre les cours d'un précepteur tandis qu'Asmar et sa mère sont chassées du château familial. Des années plus tard, Azur part de l'autre côté de la mer pour libérer la fée des djinns et se marier avec elle. Une tempête imprévue le jette sur les rivages d'une terre inconnue aux habitants superstitieux. Ceux-ci sont convaincus que les yeux d'Azur portent malheur. C'est donc en aveugle volontaire qu'il commence sa quête...

L'animation ne se résume pas à la technique : Ocelot le sait et privilégie le récit lorsque certains chercheraient une surenchère d'effets. Une belle réussite, et un vainqueur potentiel de plus pour cette année !

La sélection CM2 est, disons le, engagée : Bully Beef nous rappelle que l'histoire de l'humanité passe par le perfectionnement d'armes toujours plus meurtrières. Un propos plus ou moins repris par Killing the Fittest qui ajoute une touche écologique en rappelant que certains insectes comme les cafards résisteraient sans problème à une explosion nucléaire. Mais pas nous. Dans le même registre mais en nettement plus léger, James Monde se pose en défenseur de la nature, avant que ce ne soit la nature même qui se défende !

Dans la même veine, Sandbox ressemble graphiquement à du Sempé, si ce n'est que ces enfants jouant au square sont quotidiennement victimes d'attentats meurtriers. L'image est sereine mais le propos est dur.

Enfin, Je suis une Voix est une double interview d'une personne qui s'intéresse à la politique, et une autre pas. Intéressant mais longuet. Durant Court Record, In Memoriam Peter Mansfeld, on nous lit le compte rendu de l'exécution d'un jeune homme à l'époque de la guerre d'indépendance de la Hongrie. Le texte fait froid dans le dos et la réalisation tout en crayonnés noirs renforce l'impression de malaise.

La touche d'humour de la séance est apportée par A Gentlemen's Duel, au titre explicite. Le duel prend une direction inattendue lorsque les deux lords montent dans leurs énormes armures mécanisées... Enfin, le dernier court de la sélection et peut être le meilleur est une adaptation assez libre de Pierre et le Loup en marionnettes : une vraie réussite !

Shrek 3 sent un peu le réchauffé... C'était déjà mon avis pour le second opus et le sera sans doute encore pour le quatrième. Il reste cependant des scènes assez drôles, un peu gâchées par l'aspect moralisateur que prend l'histoire. Shrek se serait-il rangé ? Techniquement, évidemment, rien à redire et le succès commercial devrait être au rendez-vous par chez nous !

Aaaah, Paprika... Pour avoir salivé de longs mois devant une bande annonce spectaculaire et complètement déjantée, j'avoue que j'ai presque trouvé le film... sage. Moins violent que Perfect Blue, moins barré que Paranoïa Agent, finalement plus proche de Tokyo Godfathers pour l'humour décalé.

Dans un futur proche, un inventeur de génie a trouvé la clé des songes. Cette clé est technologique et permet à des psychothérapeutes d'intervenir dans les rêves de leurs patients... Jusqu'au jour où un terroriste vole une de ces clés et commence à semer la discorde dans le cerveau de ses victimes. Le docteur Atsuko Chiba et son alter-ego imaginaire Paprika mènent l'enquête, à travers différents niveaux de rêves et de réalités.

La paranoïa, la schizophrénie et la perception de la réalité sont encore une fois au coeur des préoccupations de Satoshi Kon, talent confirmé de l'animation japonaise. Cette fois-ci pourtant, le réalisateur a cherché à rendre son histoire plus lisible, plus logique et donc plus accessible au public. De là à savoir si ça a marché... En tout cas, pour ma part, j'ai adoré !