Michel Gondry est un grand rêveur, ça se voit. A plusieurs reprises, le journaliste doit répéter ou reformuler ses questions. Cela n'empêche pas d'avoir un bel aperçu du processus créatif de cet artisan de l'animation. Tentons de résumer cet entretien de 1h30. Merci à Eloise pour son aide ! Et aussi un peu à ChatGPT, mais pas trop.

Pour Michel Gondry, être réalisateur ou animateur, c'est avant tout résoudre des problèmes de manière inventive. Ce qui le motive, c'est de créer ce qu'il souhaite voir, plutôt que de se contenter de reproduire ce qu'il connaît. L'animation, selon lui, offre une liberté presque totale pour explorer cette démarche.

Gondry a transformé le paysage du clip vidéo grâce à ses collaborations avec des artistes tels que Björk, Daft Punk et les White Stripes. Il considère ce format comme un terrain où tout devient possible, même l'utilisation de techniques artisanales comme la stop-motion ou le morphing, souvent réalisées avec des astuces ingénieuses. Il a partagé des anecdotes de tournage, riches en bricolages et en contraintes, mais aussi en inventions réjouissantes, comme le clip en LEGO ou l'idée des batteries démultipliées. Pas de 3D et peu d'ordinateur. D'abord parce que les logiciels changent tout le temps. Et puis parce que ça demande souvent de grosses équipes. « Même avec un bout de crayon, on peut faire rêver. »

En évoquant ses longs-métrages, tels que Eternal Sunshine of the Spotless Mind, La Science des rêves et le méconnu Microbe et Gasoil, Gondry a souligné l'importance de la flexibilité dans son processus créatif. Il privilégie des scripts évolutifs et laisse une large place à l'improvisation des acteurs, tout en rejetant les contraintes techniques trop rigides. « J’avais un cahier où j’écrivais mes problèmes d’un côté, et mes solutions de l’autre. »

Pour Gondry, l'animation est au cœur du cinéma, car elle nécessite une compréhension approfondie de la mécanique du mouvement et de la narration. Il a exprimé son affection pour les techniques artisanales, telles que le papier découpé et la stop-motion, qui rendent visible le processus créatif. C'est notamment l'approche choisie pour Maya, donne-moi un autre titre, la suite logique de Maya, donne-moi un titre. Pendant sept ans, il a créé de petites histoires animées à partir des titres que sa petite fille lui proposait, ce qui a naturellement évolué vers ces films. Gondry a souligné l'importance de ce lien créatif, construit sans infantilisation. « Je ne parle jamais aux enfants comme à des bébés. »

Gondry a partagé ses souvenirs d'enfance devant la télévision, évoquant les mangas, les animations venues des pays de l'Est et les dessins animés artisanaux. Il a critiqué les messages sous-jacents des productions américaines standardisées, plaidant pour une esthétique qui révèle le processus de création plutôt que de le dissimuler à tout prix.

En définitive, Michel Gondry se définit comme un artisan du cinéma, attaché à la matière, à la poésie naïve et à l'envie de créer. Pour lui, l'animation est une porte d'entrée vers le rêve, l'enfance, l'expérimentation et la joie de créer, qu'importe les moyens. « Quand je vois que ce que j’ai dessiné devient réel, c’est une joie immense. »