Alia remarque Neena dans le métro et se rend compte qu'elles viennent toutes deux de la même région en Inde. En voyant que Neena a oublié sa lunchbox, Alia décide de la rattraper pour la lui rendre. Elles se retrouvent dans le restaurant indien Sulaimani mais prennent chacune une table séparée, et Alia ne révèle pas ses origines. Le film nous montre ensuite des flashbacks de leurs parcours respectifs : Neena a deux enfants et un mari restés au pays, et elle travaille depuis quatre ans sans papiers pour subvenir aux besoins de toute sa famille. Alia est venue à Paris pour échapper au carcan familial un peu trop patriarcal. L'animation utilise des marionnettes pour le présent et toutes sortes de techniques (dessin, animation 2D, pixilation) pour le passé. Le récit est fluide, jamais forcé, et traite avec subtilité le parcours semé d'embûches de ces femmes expatriées.
Sappho est une poétesse qui vécut sur l'île de Lesbos vers 600 av. J.C. Le film s'inspire de fragments de poèmes qui ont traversé les âges mais qui sont intemporels dans leur description de l'amour et du temps qui passe. Un très joli court qui utilise de nombreuses techniques dont la peinture sur verre. Dans un registre différent, At Night anime sans paroles et très fidèlement le poème de Jacques Prévert Paris at night que nous allons réciter ensemble :
Trois allumettes une à une allumées dans la nuit
La première pour voir ton visage tout entier
La seconde pour voir tes yeux
La dernière pour voir ta bouche
Et l’obscurité tout entière pour me rappeler tout cela
En te serrant dans mes bras.
Revenons les pieds sur terre avec Shadows, le récit bouleversant de la très jeune Ahlam, qui a été contrainte de fuir l'Irak en abandonnant son bébé auprès de sa belle-famille. L'animation permet dans ce cas de donner corps aux rêves et aux regrets... Un témoignage glaçant.
Nous passons ensuite au conte inuit Mangittatuarjuk, le rongeur de roches auquel deux jeunes femmes sont confrontées. La réalisation en marionnettes s'avère de facture très classique.
Terminons avec Hairy Legs, un court-métrage qui montre comment ne pas se raser les jambes défie à la fois le patriarcat et le capitalisme. On y suit une jeune fille, passant de l'insouciance de l'enfance à la vie active, où ce choix devient une affirmation du féminisme. Drôle et percutant !