Nous voici à la conclusion de cet opus 2001; de bonnes surprises, d'ignobles navets, des moments d'intense émotion ou d'ennui mortel, rien ne nous aura été épargné au cours de ce festival. Mais avant de vous livrer le palmarès, je reviens encore un peu en arrière (on est plus à ça près, hein!) sur deux sujets que j'avais gardé au chaud pour la fin. Histoire d'avoir encore quelque chose à dire, en quelque sorte.

Exposition Aardmann

Le château d'Annecy n'est pas seulement la cible du Lapin démoniaque. Il fait également office de salle d'exposition, ce qui m'amène directement à l'exposition Aardman. Bien que l'animation britannique ne soit pas ma tasse de thé (et oui, j'ai osé), Aardman fait figure d'exception. Fondé en 1972 par Peter Lord, rejoint plus tard par Nick Park, le studio fait très vite la preuve de son originalité et de sa créativité dans un domaine de l'animation assez ardu: la pâte à modeler.

Wallace & GromitLà où certains exploitent les avantages de cette matière (bonhommes qui changent de forme continuellement par exemple), Aardman prône une certaine forme de réalisme. J'entends par là qu'il est possible de parler de jeu d'acteur pour certains personnages tant certains faciès sont bien rendus (Conversation Pieces). Quelques succès d'estime plus tard, Wallace et Gromit débarquent et mettent un coup de pied dans la fourmillière de l'animation: personne n'aurait pu prédire que la patamod deviendrait si populaire.

Chicken RunFort de son expérience, Aardman crée l'évènement une fois de plus avec Chicken Run. Techniquement très ambitieux et demandant beaucoup de ressources, Chicken Run rencontra néanmoins le succès que l'on sait. A travers l'exposition, on découvre les différentes époques et les chefs d'oeuvres qui leurs sont associées à travers nombre de de story boards, projections de courts métrages, et surtout de maquettes. Il faut voir la machine à tourte ou l'engin volant de Chicken Run! Le moindre détail est peaufiné à l'extrême: comme la caméra grossit l'image, le moindre défaut serait amplifié et donc parfaitement visible. A l'oeil nu, cela donne vraiment l'impression de découvrir des aperçus de mondes miniatures. Amis annéciens, n'hésitez pas: allez voir cette exposition! Et pour les plus radins, profitez de la journée découverte fin septembre pour la visiter gratuitement!

Manie-Manie

Autre temps, autres moeurs, jeudi à 16h00 au théâtre nous était proposé Manie-Manie, un recueil de court-métrages japonais qui a dû en dérouter plus d'un. Bon, ce n'était pas une nouveauté fracassante puisque l'ensemble date de 1987, mais cela m'a permis de découvrir des oeuvres très mal connues.

Manie-ManieLabyrinthe ouvre le bal; on est immédiatement propulsé dans un monde onirique, un monde vu par des yeux d'enfants, peuplé de créatures fantastiques et inquiétantes. Sachi joue à cache-cache avec son chat Cicéron, jusqu'au moment ou à l'instar d'Alice elle traverse elle aussi le miroir... et finit par rencontrer un Pierrot-Le-Fou à l'expression énigmatique. Il m'est difficile de décrire l'ambiance de cette histoire tant elle est étrange...


Visuellement superbe (à condition d'apprécier ce style très particulier, peu commun même dans la japanime) et très éloignée de toute considération commerciale, cette séquence annonce la suite: une course de voitures mortelle, où le champion abandonne sa propre vie pour gagner contre des adversaires imaginaires après avoir terrassé tous ses concurrents. Au départ, on ressent assez bien la compétition, mais on peut s'ennuyer avec le temps car même si la réalisation est exemplaire, il met trop de temps à mourir, le bougre ! La technique est elle assez impressionnante pour l'époque: sans images de synthèse, il est difficile de rendre avec brio des séquences en trois dimensions.

Manie-ManiePas de transition cette fois ci, un simple écran noir pour lancer ce qui aurait pu être une nouvelle d'Isaac Asimov: un cadre japonais moyen se rend sur un chantier entièrement robotisé pour stopper les travaux. Seulement, le robot chef de chantier a coulé une bielle et en a oublié les directives de la robotique pour n'en conserver qu'une: le chantier ne doit s'arrêter sous aucun prétexte. Une pointe d'humour noir dans un monde de machines sans âmes: voilà qui décrit assez bien ce récit.

Sachi applaudit, elle a aimé la représentation mais a-t'elle tout compris? Puis des monstres paradent dans un cirque brusquement matérialisé. Zoom arrière, Sachi est devant sa télévision...

Ultime provocation: ne croyez pas tout ce que l'on vous montre ! Et c'est le générique de fin, délicatement illustré par la musique d'Erik Satie.

Aux commandes de cet ovni animé, on retrouve trois grands réalisateurs nippons, soit par ordre d'apparition: Rintaro, vétéran de la japanime, qui nous prépare actuellement une adaptation très attendue de Metropolis. Kawajiri, réalisateur entre autres de Ninja Scroll. Et Otomo. Figure incontournable. Réalisateur de Akira et Memories pour ne citer qu'eux. Bon, je referme cette longue parenthèse qui n'a peut être intéressé que moi :)

 

Nous sommes sur le Pâquier, et chose rare, en avance, ce qui nous permet de nous installer pas trop mal, pour une fois. En ce soir humide et sans bleu, nous découvrons les fleurons de l'année 2001 (enfin, LEURS fleurons... ce ne sont pas forcément les nôtres). Peu de choses que nous n'ayons pas vu, à une ou deux exceptions près. Sans plus attendre...

Le Palmarès 2001

Le Grand Prix du Long Métrage est décerné à... Mutant Aliens. C'est un peu comme un cauchemar éveillé, l'un des pires trucs que j'ai vu cette année se retrouve avec un Grand Prix. On ne s'improvise pas jury. Ou alors, avec beaucoup de vodka. Mais je ne vais pas m'appesantir,

Le Grand Prix du Court Métrage est pour Father and Daughter. Le temps passe et ne pardonne rien. Mais l'amour d'une fille pour son père, lui, est éternel...

Le Grand Prix du Film de Télévision est attribué à Panique au village: le gâteau. Cheval, Cowboy et Indien doivent bien rigoler. Mais nous aussi, et l'humour est très justement récompensé ici !

Le Prix du meilleur film de fin d'études revient à Géraldine. Pas vu, pas pris, sais pas ce que c'est. Ils ont dû mélanger les bandes sur le Pâquier.

Dans les autres prix (il y en a une vingtaine, quand même), on note la présence de Hasta los huesos, The Boy who Saw the Iceberg, Big Knights, Le Tyran et l'Enfant, AP2000.

Pour finir en beauté, un petit hommage aux étudiants de Supinfocom, qui nous ont concocté outre cet AP2000 sur lequel je vais revenir, le très poétique Enfant de la Haute Mer et Comic Strips. Ce dernier relate les péripéties d'un petit garçon qui se rend à un anniversaire et qui se prend pour un héros de bande dessinée. La grande originalité de ce métrage est de voir ce personnage traverser les cases de sa propre histoire. Et c'est très pro dans la réalisation.

AP2000. Ou le condensé, l'hommage irrévérencieux mais tellement réussi à toute la culture (sous-culture?) qui a marqué notre génération. Des puces se la coulent douces sur un canidé quelconque jusqu'à ce que la mémère à son chien-chien pulvérise le dernier insecticide à la mode, AP2000. Et c'est le déluge, l'armaggeddon, la fin des haricots? non, car la présence d'esprit d'une de ces bestioles sauvera la population ! Les références visuelles et sonores sont tellement nombreuses qu'il faudrait sans doute regarder ce court métrage dix fois d'affilée pour toutes les repérer. Pêle-mêle, Star Wars, Tekken, Matrix, Pokemon, Noiraudes (?), et j'en passe, se bousculent au portillon. Bon, ça ne fait peut être pas avancer beaucoup le schmilblick, mais qu'est que c'est drôle !

Et voilà, il est temps de nous quitter... Je remercie tout ceux qui ont eu la patience de me lire jusqu'ici. C'est la fin de l'émission, qui reprendra l'antenne si vous êtes sages, même heure, même endroit dans un an. Un an ! C'est si court, et à la fois si long...